Post du 23/01/2019 à 11h33 (16h33 Fr) dans le bus pour Copacabana


Je l'ai fais ! J'ai gravi ce magnifique sommet !

Bon honnêtement, ce n’était pas bien difficile, je m'en suis fait toute une montagne (c'est quand même un sacré morceau !), mais finalement ça n'a pas été si difficile que ça.

Mais attention, je tiens quand même à mettre en garde, ce sommet n'est pas à la portée de tout le monde, il faut une bonne condition physique, et avant tout quelques jours d'acclimatation pour éviter le mal d'altitude qui se traduit par des vomissements, des maux de tête ou pire encore, des œdèmes pulmonaires. Je pense que dans mon cas, les quelques jours entre 4000 et 5000 dans le parc national de Sajama m'ont été très bénéfiques. Et puis ce n'est pas parce que je l'ai fais une fois que maintenant je suis invincible ; je peux retourner dès demain au sommet du Huayna Potosi et être malade comme un chien !


Retour sur ces 3 superbes jours entre 4800 et 6088 mètres d'altitude où j'ai gravi la montagne de ma vie !


Jour 1 : Camp de base, 4800m, acclimatation et entraînement

Ça n'a pas commencé de la meilleure des manières puisque avec 2 autres de mon groupe on s'est trompé d'agence, enfin c'est plutôt qu'une autre agence a essayé de nous arnaquer en se faisant passer par la bonne. Mais heureusement tout s'est arrangé grâce à notre vraie agence qui nous a rattrapé à la sortie de La Paz !

Bref après cette mauvaise aventure, qui après coup nous à bien fait rire, on est parti en direction du refuge de Casa Blanca, notre camp de base, à environ 1h30 de route de La Paz. On a fait connaissance autour d'un repas calorique : 7 personnes dans le groupe (Allemands, Brésiliens, Belge, Australien et moi Français) tous novices dans l'ascension d'un sommet de cette envergure.

Puis on a passé l'après-midi à s'entraîner et évoluer sur un glacier avec crampons et piolet : montée en marche classique, montée en pas croisés, montée sur pente raide, position du piolet, position de la corde, descente rapide pour fuire l'altitude, etc. Et le meilleur pour la fin, escalade d'une paroi glacée à la force des piolets et en plantant les crampons ! Tout ça était complètement nouveau pour moi et j'ai vraiment bien aimé ce contact avec la nature au travers d'un équipement auquel il faut avoir vraiment confiance.

Cette journée qui n'a pas à proprement dit servi à l'ascension de la montagne, nous a permis de nous entraîner et nous familiariser avec le matériel, mais surtout aux guides de juger nos forces et d'établir les groupes de cordées pour l'ascension.


Jour 2 : Montée vers le camp d'altitude, 5200m

Réveil 7h30 pour garder un rythme, même si nous partons vers le Refugio de guias, qu’à 12h, après le repas de midi. Le sac à dos chargé de tout le matos et d'affaires chaudes (je dirais entre 15-20kg, alors que je n'ai que le minimum) on monte lentement vers le camp d'altitude pour s'acclimater. Il nous faudra environ 3h pour faire les 2,50km, c'est dire la vitesse !

Fin d'après midi repos et acclimatation avant le dîner qui sera servi à 18h, pour se coucher à 18h30 parce que demain, enfin cette nuit, on part tôt !


Jour 3 : Ascension du sommet Huayna Potosi, 6088m

Réveil à 00h30, petit déjeuner (avec thé de feuilles de coca, très bon pour l'altitude et les douleurs !) et équipements de vêtements chauds : collant thermique, pantalon technique, sur-pantalon coupe vent, sous-pull, veste thermique, doudoune, coupe-vent, cagoule, sous-gants et gants. S'en suit avec le matos : casque et frontale, chaussures rigides, crampons qui se fixent sur les chaussures, guêtres, harnais pour s'encoder et piolet. On ne part qu'avec un seul piolet parce qu'il n'est pas prévu d'escalader une paroi.

Une fois bien équipé on part vers 1h00, en groupe de 3 cordées composées de 2 personnes et un guide. Le couple de Brésiliens ne tentent pas l'ascension à cause du mal d'altitude depuis hier soir, c'est plus raisonnable pour eux. Pour ma part je suis avec le Belge que je sens en bonne condition physique, c'est important d'avoir confiance en ses compagnons de cordée, car en cas de problème, l'ascension peut être compromise voire annulée..!

On monte lentement, avec les frontales sur la tête, mais au début la pleine lune nous éclaire suffisamment pour ne pas s'en servir. On avance vraiment lentement, je ne fais que des demi-pas, le talon de mon pied droit ne dépasse à peine les orteils de mon pied gauche pourtant je suis quand même essoufflé ; il ne faut pas se fatiguer et surtout s'économiser, comme le dit si bien Mike Horn, "l'arrivée n'est pas au sommet, le dernier pas doit se faire au camp de base".

Il n'y a pas de grandes difficultés techniques sur les deux premiers tiers du parcours, hormis une partie raide où il faut monter en plantant l'avant des crampons et s'appuyant sur le piolet et sur une main. On fait des pauses très régulièrement pour boire, l'hydratation est importante comme dans tous sports, mais encore plus ici pour éviter le mal d'altitude.

Arrivée au dernier tiers, on se rend compte qu'on avance trop vite, il n'est que 4h15 et le soleil ne se lève que dans environ 2h, on va arriver trop tôt au sommet et on risque surtout de geler sur place ! On réduit alors considérablement notre rythme pour rester en mouvement et ne pas arriver trop tôt au sommet. Et cette dernière partie devient plus difficile, plus raide, nous obligeant à faire des virages et changer souvent la position de la corde et du piolet (la corde côté aval, en cas de chutes d'un compagnon on est moins entraîné vers le bas, et le piolet côté amont pour pouvoir le planter en cas de chute).

On arrive enfin au sommet après 5 heures d'ascension (pour infos il y a environs 3km depuis le camp d'altitude), dans la nuit, sans vraiment s'en rendre compte puisqu'on avance un peu à l'aveugle dans ce noir. Il fait très froid, sûrement entre -15 et -20 degrés, j'apprécie mes couches, qui dans la montée m’ont un peu fait suer. L'altitude officielle du sommet Huayna Potosi est de 6088m, mais mon GPS en affiche 6098, et je suis heureux comme un fou d'être au sommet ! Seulement deux cordées sur les trois arrivent en haut, l'un ayant abandonné en route à cause du mal d'altitude.

On profite de la vue sur La Paz avec toutes ses lumières mais le soleil se lève rapidement, vient nous réchauffer et nous montrer le magnifique paysage qui nous entoure ! Le temps est nuageux et ne nous permet pas de voir le lac Titicaca, mais la mer de nuages est splendide ! On fait des photos et buvons une bière, en en versant un peu au sol pour remercier Pachamama, la Mère Nature, sur les 5m² que nous offre le sommet. Je ne sais pas combien de temps on reste au sommet, sûrement 30-45 minutes, mais il faut déjà redescendre, une telle altitude n'est pas bonne pour nos corps.

On rejoint le camp d'altitude en seulement 2 heures, courant parfois pour descendre rapidement et retrouver plus d'oxygène. On se rend également compte de notre parcours, passant à proximité de crevasses énormes, on avait rien vu à la montée dans le noir !


Une courte pause au camp d'altitude, on remballe le matériel dans nos gros sacs à dos et c'est parti pour le camp de base où nous attend le mini-bus pour nous ramener à La Paz.


Voilà pour ce gros débrief d'une des plus belles expériences de ma vie. Je suis vraiment content d'avoir fait cette ascension, un tel sommet n'est pas possible en Europe, et encore moins à ce prix !

Après une après-midi et une bonne nuit de repos, je repars et quitte (enfin) La Paz, en direction de Copacabana et ses belles plages.. Je parle bien-sûr du Copacabana Bolivien qui est au bord du lac Titicaca, pas de la plage brésilienne de Rio de Janeiro !